25 juillet, 2008

Retouvailles familiales

Hier, j'ai reçu ce message:

Bonjour je suis la fille d'Anna Goldstein donc ta cousine
Ton blog m'a très émue et les souvenirs sont revenus à la surface de voir mes grands parents et ma maman Nenette moi aussi j'ai des photos de cette époque n°de tel 04.........ou mon email j........ je souhaite de tout cœur que l'on se parle c'est le moment de faire connaissance je t'embrasse
Sylvie
J'ai répondu, puis nous avons eu une longue conversation téléphonique
J'ai aussi fait suivre son message à la famille
Son frère m'a répondu:

BONJOUR CHÉRE COUSINE
C'EST MA SŒUR SYLVIE
JE L'AI INFORMÉE
TA DÉMARCHE EST FORMIDABLE
BRAVO
FRANCIS
MAINTENANT ÉCRIS MOI : ........@......
Puis Sylvie:
Coucou ma cousine (cela me fait tout drôle d'avoir une cousine)
Hier j'ai appelé MINA on est resté un bon moment au tel cela
m'a toute remuée.
Je n'ai pas osé appeler notre oncle Joseph mais
cela va venir .
Il faut que je me remette un peu de mes émotions.
Merci pour les photos comme cela je peux mettre un visage sur les noms
Au fait j'ai eu email de Roxane je lui ai répondu, elle m'a également
donné son tel .
J'ai envoyé un email à Alain Goldstein
Comment te remercier pour tout?
Tu ne te rends pas compte de la joie que j'éprouve
Je t'aime je t'embrasse
TA COUSINE Sylvie



Mon Oncle Joseph m’a raconté Drancy et la suite


J’ai trouvé cette photo, qui date de 1945,il avait 16 ans , il a la médaille de la résistance, mais, ça, il ne me l’a pas dit (cliquez sur la photo pour l'agrandir)



Mon Oncle Joseph m’a raconté Drancy et la suite


Récit enregistré le 26 juin 2008 , chez lui, à Cagnes sur Mer


Cela se passait le15 mai 1942

Les Allemands avaient donné une loi comme quoi on pouvait se promener de 3 h à 4h l’après-midi et le matin de 11 h à midi pour faire ses commissions.

J’avais 12 ans et à l’époque, je ne savais pas lire l’heure.

Je sentais qu’il était plus de 4h, j’ai demandé à des passants, sur le pont Marie, s’ils avaient l’heure. Ils m’ont regardé avec un air « les yeux révolvers » (je portais l’étoile). Et m’ont répondu : Sale juif, tu aurais du être rentré depuis au moins ½ heure.

A proximité, il y avait 2 gardiens de la paix, ils ont entendu, se sont approchés, il y a eu un petit attroupement.

Un passant a dit "Oui, ce petit youd, il devrait être chez lui."

J’ai répondu aux agents : Je m’excuse, je ne sais pas lire l’heure, je n’ai pas de montre, j’ai demandé quelle heure il était, et ça a fait un scandale.

Les deux agents m’ont dit : tu vas venir avec nous au dépôt

J’ai répondu : il faut que je prévienne mes parents

Ils m’ont répondu : ne t’inquiètes pas, tes parents seront prévenus, n’aie pas peur

Ils m’ont emmené au dépôt du commissariat du 4è arrondissement et de là, ils sont venus me chercher et m’ont emmené à Drancy

Pendant mon séjour à Drancy, tous les jours à 6h du matin et du soir, on faisait l’appel.

Les Kapos venaient toujours par derrière..

Un jour, j’ai oublié d’enlever mon béret, j’ai reçu une de ces claques sur l’oreille droite qui m’a mis K.O, personne n’avait le droit de me relever. On m’a laissé inanimé par terre

Quand l’appel a été terminé, on était libre, on m’a ramassé, les kapos m’ont envoyé au dispensaire qui soignait les enfants. (Les J2)

2 jours après, mon oreille a commencé à suinter, il y avait beaucoup de pus

Le chef infirmier (il avait 3 assistantes) a mis une poudre pour localiser l’infection,

Mon oreille était complètement bouchée, une infirmière l’a nettoyée avec de l’eau bouillante et de l’alcool à 90, j’ai hurlé

Avec de la gaze, il a fait des mèches, qu’il fallait changer tous les jours, ça coulait..

Et à la base du crâne, de l’oreille droite, ça commençait à s’étrangler à cause du pus

Le chef infirmier a appris, par le nouveau décret, que j’allais être relâché, il m’a dit : dès que tu sors, tu vas à l’hôpital voir un oto-rhino.

J’y suis resté 5 mois et demi, du 15 mai au 1er novembre 1942

J’ai été relâché, parce que le maréchal Pétain a écrit une lettre à la Kommandantur du quartier de l’Opéra, comme quoi, il fallait relâcher tous les enfants âgés de 12 à 16 ans qui ont été arrêtés avant la rafle du Vel d’Hiv (16juillet 42)

Je suis retourné à pieds chez mes parents rue des Deux Ponts, ils avaient appris que j’avais été arrêté, c’est ma soeur Anna qui m’a emmené à l’hôpital Rothschild.

Ils ont décidé de m’opérer de la mastoïdite, mais ils m’ont opéré de l’évidement du pus et m’ont mis des mèches. Pendant 6 mois, ça a continué à couler.

Puis je suis parti me cacher dans l’Oise, à Noyon. Il ne fallait dire à personne où on était.

Ce sont des relations non juives qui m’ont aidé

Ensuite, je suis parti dans la Nièvre, je suis entré dans la résistance, j’avais 13 ans et demi. Puis à Dijon, (dans la campagne) jusqu’à la libération

J’ai travaillé dans une ferme, je m’occupais des 2 vaches, la fermière avait 70 ans et avait besoin d’aide, elle avait des rhumatismes aux mains. Ils avaient beaucoup de terrain, en échange des chevaux d’un voisin, j’allais travailler chez eux.

A la libération, je suis rentré chez moi


05 juillet, 2008

Mon Oncle Joseph Goldstein


Cliquez sur les photos de mon oncle Joseph , enfant, adolescent et jeune adulte












Le 25 juin, je suis partie dans le midi de la France, pour rencontrer mon oncle Joseph Goldstein, le plus jeune frère de mon père Mon père: Isaac Goldstein est l'ainé des 14 enfants, Joseph est le plus jeune C'est bien sûr, avec une énorme émotion que je l'ai revu avec ma tante Esther, son épouse La dernière fois que je les ai vus, c'est à l'enterrement de mon père, en 1992 Je n'avais pratiquement pas de contact avec la famille de mon père Alors, là, je me suis rattrapée J'ai passé un séjour extraordinaire, fait d'amour et de nostalgie Nous avons fouillé dans les photos, je les ai scannées et elles sont sur le blog maintenant
J'ai ,bien sûr, pris des photos aussi

Marie Goldstein , ma cousine

Cliquez sur les photos pour les agrandir

Ma cousine Marie (Marianne) Goldstein a échappé aux rafles qui emmenèrent son père ,Wolf Goldstein, frère de mon père: Isaac Goldstein sa mère et ses frères vers Auschwitz
Elle s'est mariée avec Yoeliz Levinas a eu une fille qu'elle a prénommée comme sa mère: Sonia
Seul , son père est revenu
Ses 2 petits frères: Bernard: 13 ans et Daniel: 5ans ont été gazés avec leur mère: Sonia (Sossia) Smilianski

Bernard, son petit frère gazé à Auschwitz, le 5 aout 1944
Dernier convoi N° 77
Parti de Drancy le 31 juillet 1944

Ma tante Tauba (Thérèse) GOLDSTEIN gazée à Auschwitz, le 5 aout 1944



Ma tante Tauba, sœur de mon père Isaac Goldstein (Thérèse) GOLDSTEIN gazée à Auschwitz, le 5 aout 1944 à l'âge de 24 ans

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Photo d'enfants pendant la Shoah, le 17 aout 1942



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En 1942, des enfants juifs portant l'étoile (pour les plus de 6 ans)  se font photographiés dans l'école de filles près de la rue de deux-ponts (4è):
Ils seront déportés et gazés à Auschwitz

Sur le verso de cette photo, une de mes tantes a écrit ce mot
Parmi les enfants qui ont signé, il y a les frères et sœur de Dora Bender
Dora Bender est morte à Auschwitz, à l'âge de 8 ans, ainsi que ses 2 frères Jean âgé de 4 ans et Jacques de 12 ans
Leur père : Josek Haïm Bender avait été déporté en 1942 et gazé aussi à son arrivée à Auschwitz



Dora Bender, pendant ses vacances, j'ai pris cette photo sur la grande, en 1942, elle avait 6 ans
Dora Bender était ma cousine, elle est morte à 8 ans, le 5 aout 1944
Arrivée par le dernier convoi: N° 77 parti de Drancy le 31 juillet 1944
Parmi le fratrie, seule Mina Bender, l'ainée a survécu, avec sa mère: Gita(Ida) née Goldstein, sœur de mon père Isaac Goldstein